Le cancer colorectal progresse chez les plus jeunes

Publié le 5 mars 2021 à 13h29
PAR SARAH V.-C.
Les experts sont préoccupés par la progression du cancer colorectal chez des plus jeunes et ils ne comprennent pas ce phénomène.

Dans plusieurs pays industrialisés comme le Canada, l'Australie, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, il y a une hausse des cas de cancer colorectal depuis 1995.

« Depuis quelques années, on constate que le pourcentage de gens ayant un cancer colorectal en bas des âges de 40 ou 45 ans semble augmenter. On ne connaît pas vraiment la cause, mais il semble y avoir un plus grand pourcentage chez les plus jeunes », a dit la docteure en chef du service de chirurgie digestive au CHUM, Carole Richard. Les causes pourraient être l'alimentation, l'inflammation et le microbiome (la flore intestinale), ou le croisement entre les trois.

Lors d'un diagnostic de ce type de cancer, la moyenne d'âge est de 62 ou 63 ans. C'est un pourcentage de 10,7 % des quelques 300 cas traités par année au CHUM qui concernaient les gens de 50 ans et moins en 2006. En 2020, le pourcentage est passé à 16,9%! La docteure Richard a ajouté qu'entre 10 et 20% des patients plus jeunes ont une condition génétique qui les amène à souffrir de ce cancer. Cependant, la majorité des patients de moins de 50 ans ne démontrent pas de facteur de risque évident. La docteure affirme que les patients plus jeunes, lorsqu'ils seront enfin diagnostiqués, souffriront souvent d'une forme plus avancée de la maladie.


« Le microbiome, en fait, reflète l'environnement parce qu'il est affecté par toutes les toxicités de l'environnement. Il y a probablement quelque chose dans l'environnement qui modifie le microbiome, qui modifie les bactéries du microbiome, et qui va augmenter la non-réparation de cellules qui se fait sur l'intestin, et ça a probablement un impact sur l'incidence accrue », ajoute la spécialiste, qui dirige son groupe de recherche sur le microbiome au Centre hospitalier de l'Université de Montréal.

Malheureusement, en général les jeunes hommes et les jeunes femmes attendent plus longtemps que les gens plus âgés avant de consulter lorsque les premiers symptômes apparaissent. Un jeune patient de 26 ans a souffert de saignements pendant deux ans avant que son cancer colorectal de stade 3 ait finalement été diagnostiqué. La docteure Richard a cité cet exemple, mentionnant toutefois que le jeune homme est maintenant sur la voie de la guérison. Les médecins ont un rôle important à jouer pour reconnaître que les saignements d'un jeune patient ne sont pas que de simples hémorroïdes, par exemple.

« Les symptômes apparaissent, mais les médecins ne vont pas aller d'emblée vers un test plus invasif, a expliqué la docteure Richard. Ils vont probablement trouver un équilibre. On ne peut pas faire une coloscopie à tout patient jeune qui a des saignements, mais d'un autre côté il faut aller chercher beaucoup plus loin pour avoir l'oeil ouvert à aller plus rapidement à un examen plus invasif. Tout symptôme doit être pris au sérieux, peu importe l'âge du patient », a finalement conclu Carole Richard.

Le mois de mars est celui de la sensibilisation au cancer colorectal. Sachez reconnaître les principaux symptômes :

Des changements inexpliqués lors de l'évacuation des selles, comme la diarrhée ou la constipation;

Du sang à l'intérieur ou sur les selles, allant de rouge vif à noir foncé;

Des changements dans la taille ou la forme des selles;

Des douleurs ou des malaises abdominaux qui persistent ainsi qu'une perte de poids inexpliquée.

Source : La Presse
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